APLAQA Conference 2019
Figurations littéraires et médiatiques de l’Autre
29e Colloque annuel de l’Association des professeurs des littératures acadienne et québécoise de l’Atlantique (APLAQA)
Memorial University of Newfoundland, St. John’s (Canada)
17-20 octobre 2019
C’est un truisme de dire que l’être humain est, par essence, un être social et socialisable. Combien de temps peut-il supporter la solitude ? Dans Vendredi ou la vie sauvage (2012, 1971) de Michel Tournier, le personnage de Robinson, en se retrouvant seul sur l’île déserte, est hanté par l’angoisse de dégénérescence humaine et la peur de devenir comme une bête, et le narrateur souligne : « C’est très difficile de rester un homme quand personne n’est là pour vous y aider ! » (p. 40) C’est dire que l’Autre est d’abord notre semblable tout simplement, ou « cette personne, ce toi vis-à-vis de moi » (Jankélévitch : 1986, p. 7). Cependant, l’existence tributaire de la présence d’autrui ne se déroule pas toujours dans l’entente et la cordialité. Ainsi, la différence (réelle ou fantasmée) devient très souvent le principe structurant la dialectique du Soi et de l’Autre à travers les subjectivités qui témoignent de l’extrême complexité des rapports sociaux.
Étant une constante anthropologique, l’Autre semble un sujet inépuisable qu’on peut aborder de plusieurs manières, comme le montrent de nombreux travaux dont ceux de Paul Ricœur (Soi-même comme un autre, 1996), d’Éric Landowski (Présences de l'autre, 1997), de Pierre Ouellet (Le sens de l'autre. Éthique et esthétique, 2003), de Josias Semujanga (Récits fondateurs de la tragédie rwandaise. Discours social, préjugés et stéréotypes, 1998) ou d’Emmanuel Lévinas (Humanisme de l'autre homme, 1972). Tous ces travaux ont, toutes proportions gardées, un point commun : l’Autre, en soi, n’existe pas, puisqu’il est toujours défini en relation avec le même. Cette construction varie au gré des vérités, des subjectivités, des sensibilités, des idéologies, des circonstances historiques. Dans le monde contemporain, en proie à de profondes mutations, il devient plus que jamais nécessaire de repenser, de redéfinir la notion de l’Autre. En dernière analyse, tout est question de perception : « Car c’est notre regard qui enferme souvent les autres dans leurs plus étroites appartenances, et c’est notre regard aussi qui peut les libérer » (Maalouf : 1998, p. 29).
Si ce colloque se propose principalement d’analyser les représentations de l’Autre dans les littératures et cinémas québécois et acadiens, il reste ouvert aux autres espaces francophones ainsi qu’aux autres champs artistiques. En partant d’une acception plus large de la notion, les contributions s’attacheront à réfléchir à la problématique des relations humaines, sociales, interculturelles. Ici, l’Autre ne doit pas être seulement appréhendé comme figure indésirable. Il s’agira aussi d’examiner comment écrivains, cinéastes (ou autres artistes) reconstruisent ou redéfinissent l’Autre dans une perspective humaniste.
À titre indicatif, quelques pistes de réflexion :
- L’expérience de la différence (aux plans culturel, national, ethnique, religieux, linguistique, sexuel, etc.)
- Le sujet migrant (adulte, adolescent, enfant)
- Les rencontres
- La figure du méchant comme construction
- Les stéréotypes, les préjugés
- Les figures de la marge
- L’humanisme, le sens de l’humanité
- L’amitié, l’altruisme, la responsabilité pour l’autre
- Le respect
- Le vivre-ensemble
Merci d’envoyer vos propositions de communication (250 mots maximum), ainsi qu’une courte notice biobibliographique (50-100 mots), à aplaqa2019@mun.ca avant le 20 février 2019.
Comité organisateur
Kodjo Attikpoé, Memorial University of Newfoundland
Philippe Basabose, Memorial University of Newfoundland
Anne Thareau, Memorial University of Newfoundland
Comité scientifique
Gilles Dupuis, Université de Montréal
Louis Bélanger, Université du Nouveau-Brunswick, campus Saint-Jean
Kodjo Attikpoé, Memorial University of Newfoundland
François Ouellet, Université du Québec à Chicoutimi
Philippe Basabose, Memorial University of Newfoundland
Jean Morency, Université de Moncton